Réponse d’Hydro-Québec à Léopold Lauzon – trois erreurs à corriger

Montréal, le 12 décembre 2019 – Dans un communiqué publié le 9 décembre sous le titre « Les nombreuses erreurs de Léo-Paul Lauzon au sujet d’Hydro-Québec », la société d’État cherche à remettre les pendules à l’heure et à répondre à ce qu’elle considère être des « erreurs » dans l’un des articles de Léo-Paul Lauzon.

Les observateurs, analystes ou commentateurs du domaine de l’énergie ne disposent pas des ressources de notre monopole d’État pour accomplir leur travail. Ils peuvent commettre des erreurs et il peut être approprié de rectifier les faits. Encore faut-il que cela soit fait sans sombrer dans la désinformation. À cet égard, nous souhaitons corriger trois « erreurs » qui apparaissent dans le communiqué d’Hydro-Québec. 

Erreur 1 : « Sérieusement, il est tout indiqué de rappeler que les tarifs résidentiels d’Hydro-Québec sont les plus bas en Amérique du Nord. »

Notre société d’État se montre bien vaniteuse lorsqu’elle se targue d’avoir les tarifs résidentiels les moins chers en Amérique du Nord. Alors qu’Hydro-Québec récolte un revenu moyen de l’ordre de 8 ¢/kWh des clients résidentiels, deux compagnies de l’État de Washington offrent de meilleurs prix à la même catégorie de clients. En devises canadiennes [1], les compagnies d’électricité publiques Cheland County et Douglas County vendent leur électricité aux clients résidentiels à des prix respectifs de 4,6 ¢/kWh [2] et 4,8 ¢/kWh [3], soit près de 40 % moins cher.

Les tarifs d’électricité d’Hydro-Québec sont les plus bas en Amérique du Nord ? Pas vraiment

Erreur 2 : « La facture d’électricité au Québec est près de deux fois moins élevée qu’à Toronto et quatre fois moins élevée qu’à New York. »

Hydro-Québec nous a habitués à confondre tarif et facture. Rappelons que les Torontois et les New-Yorkais chauffent peu ou pas à l’électricité, ce qui fait qu’ils en consomment beaucoup moins.

Sur la base d’une consommation moyenne en Ontario  de 750 kWh/mois [4] à 15,13 ¢/kWh [5], la facture mensuelle moyenne d’électricité à Toronto est de l’ordre de 113,45 $.  Si, comme le prétend HQ, la facture mensuelle moyenne d’électricité au Québec était deux fois moins élevée qu’à Toronto, elle serait donc de 57,72 $. Les 75 % des Québécois qui chauffent tout à l’électricité vous diront que cette estimation est totalement irréaliste.

Sur la base d’une consommation moyenne à New York  de 416 kWh/mois [6] à 31,80 ¢/kWh [7] la facture mensuelle moyenne d’électricité y est de l’ordre de 132,33 $. Encore là, si, comme le prétend HQ, la facture mensuelle moyenne d’électricité au Québec était quatre fois moins élevée qu’à New York, la facture mensuelle des Québécois serait de … 33,08$.

Dans les faits, la facture mensuelle moyenne des clients résidentiels d’Hydro-Québec est de l’ordre de 115 $ [8]. C’est à peine plus que celle des Torontois et 15 % de plus que celle des New-Yorkais.

Erreur 3 : « La tarification dynamique, tout comme les mesures d’efficacité énergétique en général, est une solution gagnante pour tous qui peut permettre aux clients d’économiser et à Hydro-Québec de faire plus avec les mêmes ressources hydroélectriques. »

La tarification dynamique est loin d’être une solution gagnante pour tous. Dans le cadre du projet pilote qu’Hydro-Québec a réalisé à la fin des années 2000, qui testait entre autres les impacts d’un tarif similaire à l’option de tarification dynamique FLEX offerte cet hiver sur une base limitée, il a été démontré que près de la moitié des participants, en dépit des gestes qu’ils avaient posés pour déplacer leur consommation hors des périodes de pointe, avaient eu une facture plus élevée que s’ils avaient été facturés au tarif régulier [9]. D’ailleurs, Hydro-Québec avertit les clients qui seraient tentés par l’option FLEX que la facture peut augmenter si la consommation n’est pas réduite lors des périodes de pointe [10]. À cet égard, nous croyons qu’Hydro-Québec ne va pas assez loin dans ses mises en garde, puisque même en réduisant sa consommation, un participant à l’option FLEX pourrait voir sa facture augmenter. Bref, la tarification dynamique (tout comme les mesures d’efficacité énergétique, soit dit en passant) n’est pas, et de loin, une solution gagnante pour tous.

[1] Devise canadienne en supposant un taux de conversion en dollar canadien de 0,75 pour une consommation mensuelle de 1 000 kWh.

[2] CHELAN COUNTY, rates and policies

[3] DOUGLAS COUNTY, power rates

[4] ONTARIO ENERGY BOARD, Report of the Ontario Energy Board-defining Ontario’s Typical Electricity Customer

[5] HYDRO-QUÉBEC, 2019 Comparaison des prix de l’électricité dans les grandes villes nord-américaines

[6] ONTARIO ENERGY BOARD, Report of the Ontario Energy Board-defining Ontario’s Typical Electricity Customer

[7] HYDRO-QUÉBEC, 2019 Comparaison des prix de l’électricité dans les grandes villes nord-américaines

[8] HYDRO-QUÉBEC DISTRIBUTION, Stratégie tarifaire, p.12

[9] HYDRO-QUÉBEC DISTRIBUTION, Rapport final du projet tarifaire heure juste

[10] HYDRO-QUÉBEC, Tarification dynamique

 

À propos d’Union des consommateurs
Union des consommateurs est un organisme sans but lucratif qui réunit treize associations de consommateurs. Sa mission est de promouvoir et de défendre les droits des consommateurs, en prenant en compte de façon particulière les intérêts des ménages à revenu modeste.

Renseignements :
Paul Cérat, chargé de communication
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