Hausse des tarifs d’électricité : la Régie va-t-elle encore laisser se détériorer l’interfinancement ?

Montréal, le 2 juillet 2018 – Le 27 juillet dernier, comme chaque année à pareille date, Hydro-Québec a présenté à la Régie de l’énergie sa demande de hausse des tarifs d’électricité. Cette fois, Hydro réclame une augmentation uniforme de 0,8 % pour l’ensemble de ses clients sauf pour les grands industriels, toujours aussi choyés par notre société d’État, dont la hausse ne serait que de 0,2 %. Une formule d’augmentation des tarifs qui, si elle est acceptée par la Régie, réduira encore un peu plus l’interfinancement* en faveur des clients résidentiels.

Avant d’avaler le discours mielleux d’Hydro sur sa « demande modeste » inférieure à l’inflation, il faut comprendre que les grands industriels, vu la croissance des coûts de service qui leur sont propres, devraient plutôt voir leur tarif croître de près 3 % alors que les clients résidentiels auraient plutôt droit à une baisse de tarifs de 0,6 %.

Encore une fois, Hydro-Québec nous dit que cette hausse sera inférieure à l’inflation et qu’au Québec, on paie notre électricité moins cher qu’ailleurs. Ce discours trop souvent entendu ne change rien au fait que les ménages les moins bien nantis ont déjà (et depuis longtemps) de la difficulté à payer leur facture d’électricité, car les hausses de tarifs sont les mêmes pour tous les clients résidentiels, riches ou pauvres. C’est pourquoi il est inique de vouloir faire des tarifs d’électricité un mode de taxation, attendu qu’il serait régressif.

Et puis, il va sans dire que cette demande porte un coup de plus à l’interfinancement en faveur des clients résidentiels. La proportion des coûts de service couverte par les tarifs d’électricité des consommateurs résidentiels passerait en effet de 85,6 % en 2018 à 86,9 % en 2019, ce qui représente une détérioration importante. Rappelons qu’en 2006, cet indice était de 81,6 %. Depuis, strictement sur la base de la dégradation de l’interfinancement, les clients résidentiels ont perdu, avec la bénédiction de la Régie de l’énergie, un avantage tarifaire que nous estimons à près de 300 M$.

Il est temps que le gouvernement remette Hydro-Québec et la Régie sur le droit chemin et qu’il leur rappelle l’importance du Pacte social de 1963, censé profiter aux familles québécoises. À la veille du déclenchement de la campagne électorale, voilà un enjeu auquel les partis politiques devraient s’intéresser.

Union des consommateurs est un organisme sans but lucratif qui réunit treize associations de consommateurs dont la majorité font de la consultation budgétaire. Sa mission est de promouvoir et de défendre les droits des consommateurs, en prenant en compte de façon particulière les intérêts des ménages à revenu modeste.

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* Définition de l’interfinancement par la Régie de l’énergie :
L’interfinancement consiste à pratiquer des tarifs plus élevés que les coûts […] sur une ou plusieurs classes de consommateurs afin de financer des tarifs plus bas que les coûts pour une ou plusieurs autres classes de consommateurs. En ce qui concerne les tarifs d’Hydro-Québec, ceux-ci démontrent un interfinancement favorable aux clients résidentiels.
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