Jeudi 26 novembre 2015 – Le Vendredi fou – une invitation à la surconsommation qui s’ajoute à tant d’autres, incitant aux dépenses irréfléchies qui peuvent mener à un endettement nocif. Serait-il temps de changer notre vision de la consommation ? Brève analyse.
Cette journée appelée Vendredi fou ouvre la période de (sur)consommation que constitue immanquablement le temps des Fêtes. Les entreprises mettent le paquet, étirant les heures d’ouverture et proposant des soldes et de multiples promotions pour attirer les consommateurs. Ce phénomène qui a vu le jour aux États-Unis sous le nom de Black Friday a allègrement traversé nos frontières depuis quelques années. Festival commercial qui semble vouloir s’incruster dans nos mœurs, au même titre que le Boxing Day l’a fait auparavant, cette journée à l’enseigne des excès peut certes proposer quelques réelles économies pour le consommateur averti, mais nous devons nous méfier de cette surenchère commerciale. Il faut en effet être conscient des techniques de séduction et d’hameçonnage que constituent ces appels à la consommation débridée, et peut-être même veiller à y résister activement.
Une journée sans acheter, une journée pour réfléchir
Il est ironique de constater que le Vendredi fou coïncide en Amérique du Nord avec la Journée sans achat, consacrée à la protestation contre la surconsommation, à la réflexion, à la sensibilisation et à l’éducation sur notre rôle social en tant que consommateur. Il s’agit d’une occasion toute désignée pour poser un geste symbolique, pour dénoncer les phénomènes de la surconsommation, du gaspillage, de la vie à crédit et des problèmes de surendettement considérés comme des modes de vie acceptables, voire idéalisés.
Consommer autrement
Cette journée au cours de laquelle on s’efforce de vivre sans acheter doit devenir l’occasion idéale pour réfléchir à notre manière de consommer, à notre positionnement face à l’effervescence des fêtes de la surconsommation, à notre rôle comme «consommacteur». Avant de répondre aux insistants appels à la dépense, nous devrions prendre le temps de réfléchir aux impacts de nos choix sur notre budget, certes, mais aussi sur l’environnement, ainsi que sur notre société et sur le rôle que l’on désire réellement y jouer.
Faisons un geste éloquent
La Journée sans achat peut être l’occasion de partager à vos proches le Certificat d’exemption de cadeau, un engagement à faire plaisir hors des diktats de la société de consommation.
D’autres pistes d’actions
Il y a plusieurs façons de refuser chaque jour le modèle unique de la consommation que d’aucuns voudraient nous faire croire incontournable.
– Consommer autrement : Réparer un produit au lieu de le remplacer, acheter ou échanger un produit usagé plutôt qu’un neuf, en consultant les nombreux réseaux qui offrent ces achats ou des occasions d’échange. Louer un outil au lieu de l’acheter et de ne l’utiliser qu’à quelques rares occasions. Demander à un proche de nous prêter un outil ou un appareil plutôt que de nous le procurer. Fréquenter les bibliothèques de préférence aux librairies grande surface, etc.
– Donner autrement : Offrir un service au lieu d’acheter un bibelot. Préparer un plat à partager ou créer l’occasion d’une invitation amicale, un souper à la maison, une sortie en nature, etc.
– Économies au quotidien : Se préparer des lunchs, organiser des sorties sans achat, profiter de ce qui est gratuit (parcs, événements publics, etc.).
En plus de marquer un positionnement en faveur d’une consommation alternative, ces différentes façons de faire autrement ont l’avantage de permettre de réaliser des économies, un geste à la fois, et de mieux équilibrer son budget afin de dégager une marge de manœuvre supplémentaire et d’épargner ou d’éponger plus rapidement nos dettes.
Attention aux pièges du Vendredi fou
Bien entendu, il faudrait être dogmatique pour refuser, sous prétexte que la journée encourage concurremment à la consommation responsable, de réaliser des économies sur un bien dont on avait rigoureusement planifié l’achat ou dont on a un besoin réel, et qu’on finira par acheter de toute façon. Que ce soit lors du Vendredi fou ou d’autres événements commerciaux du même acabit – on pense notamment au Cyber lundi qui le suit de près – le consommateur averti saura économiser tout en évitant les nombreux pièges qui lui sont tendus et en veillant à respecter son budget.
On le sait : les stratégies marketing qui ont pour but d’attirer l’attention des consommateurs sont de plus en plus affûtées et les leurres sont omniprésents. En font foi maintes publicités grandiloquentes aux épithètes aguichantes. Les journées de soldes spectaculaires offrent aussi un lot d’exemples des techniques d’hameçonnage utilisées par les commerçants : les produits disponibles en quantité restreinte en sont un bon exemple. Dans tous les cas, le consommateur, une fois sur place, sera attiré par un lot de produits non soldés ou aux soldes moins spectaculaires, dont il n’a pas nécessairement un besoin réel. Compte tenu du contexte préoccupant du surendettement, largement documenté, et de l’accès trop facile au crédit, dont les taux d’intérêt très élevés empoisonnent la vie de trop de ménages aux pays, cette période faste pour l’achat à crédit peut être cauchemardesque pour des consommateurs moins fortunés, déjà endettés ou moins bien préparés.
Pour arriver à économiser lors d’une journée comme le Vendredi fou, le consommateur averti aura fait ses devoirs : il aura bien estimé ses besoins, afin de bien cibler un produit qui comble un manque réel. Il aura soigneusement vérifié si les prix affichés sont réellement avantageux. Plus la préparation avant l’achat est longue, plus le consommateur aura été en mesure de budgéter cet achat, voire d’épargner pour se procurer le produit visé, surtout s’il est dispendieux. Qui sait, le délai de préparation pourra même permettre de réaliser que ce nouveau besoin était peut-être artificiel. Une bonne planification permettra généralement au consommateur de bénéficier d’économies réelles importantes.
Cette préparation doit bien sûr s’appuyer sur une planification budgétaire rigoureuse, qui permettra au consommateur de prévoir les dépenses à venir, et de faire face à l’augmentation des dépenses quasi inévitable durant la période des Fêtes. En plus d’être bénéfique tout au long de l’année, une telle planification permet également une utilisation plus calculée et plus responsable du crédit, si nécessaire, en prenant en compte de manière réaliste les besoins à venir et les capacités d’acquitter sa dette le plus rapidement possible.
Et vous ? Que ferez-vous en cette journée ?