Le coût des médicaments ne cesse de croître. Cette augmentation est liée directement à la mise sur le marché de nouveaux médicaments, qui ne sont toutefois pas toujours beaucoup plus efficaces que certains des médicaments qui existent depuis plus longtemps. L’augmentation du coût des médicaments a pour conséquence une augmentation du coût des soins de santé ainsi que des primes des différents régimes d’assurance médicaments dans le secteur public comme dans le secteur privé. La croissance du coût des médicaments est l’élément le plus inflationniste du système de soins de santé et celui qui échappe le plus au contrôle des coûts par l’État.
Dans le contexte canadien, où la publicité directe des médicaments est à toutes fins pratiques interdite, des sommes colossales sont dépensées par les compagnies pharmaceutiques en vue de commercialiser leurs produits et de tenter d’influencer les praticiens qui prescriront les médicaments dont les fabricants leur vantent les mérites. Au plan de la santé publique, les efforts de marketing de l’industrie peuvent avoir un effet pervers, puisqu’ils risquent d’influencer la pratique médicale et de promouvoir la surconsommation de médicaments ou encore inciter les professionnels à opter pour des médicaments qui n’offrent pas nécessairement un rapport coût/bénéfice optimal. Santé Canada estime que les codes ou des lignes directrices actuellement en application au Canada sont vagues et laissent place à interprétation.
Une revue de littérature nous a d’abord permis de cerner les débats entourant la question du marketing des produits pharmaceutiques auprès des médecins.
En 2e partie, nous examinons les codes de pratiques volontaires promus par l’industrie pharmaceutique au Canada, aux États-Unis, en Australie et en Europe, ainsi que les Lois et la réglementation qui, en amont de ces codes, encadrent l’industrie pharmaceutique dans les divers pays à l’étude. Les codes de pratiques de l’industrie pharmaceutique établissent notamment les interactions souhaitées entre médecins et représentants pharmaceutiques. Nous examinons également les mécanismes et la gestion des plaintes tels qu’ils sont prévus aux différents codes de pratique.
Enfin, une troisième partie se penche plus particulièrement sur les responsabilités du praticien dans le cadre de ses activités de prescription, qui sont réglementées par des codes de déontologie propres aux médecins. Nous examinerons les codes de déontologie des associations médicales du Québec (AMQ) et de l’Ontario (AMO) et, pour le fédéral, celui de l’Association médicale canadienne (AMC) et présenterons les résultats de notre enquête terrain.
Outre l’analyse des pratiques de commercialisation et de leur encadrement, notre étude visait aussi à examiner certaines des pratiques de marketing de l’industrie pharmaceutique à la lumière des perceptions des médecins eux-mêmes. Une enquête a été menée auprès de 35 médecins généralistes du Québec et de l’Ontario.
Le Réseau français d’observation de la visite médicale de la revue Prescrire a fait le constat suivant : Depuis les années 1980, plusieurs codes d’éthique, de bonne conduite et de bonnes pratiques ont été élaborés, des résolutions internationales ont été rédigées ou ont fait l’objet de renforcement. Pourtant, selon le Réseau, l’ensemble de tous ces documents n’ont pas permis
d’améliorer les pratiques de la visite médicale en France et dans d’autres pays : les risques liés aux médicaments demeurent rarement exposés, les contre-indications annoncées dans moins de 30% des cas, tout comme les effets indésirables et les indispensables précautions d’emploi.
Le Réseau concluait que «la visite médicale n’est pas un vecteur d’information utile pour les professionnels de santé qui privilégient la qualité des soins. Elle reste un outil promotionnel précieux pour les firmes, mais ne doit pas être confondue avec une source fiable de données.»
Notre étude nous porte à adhérer sans réserve à cette conclusion.
Voir le rapport complet :
Marketing des produits pharmaceutiques: vers un meilleur encadrement (Juillet 2006 – 86 pages)
Rapport de recherche réalisé par Union des consommateurs et présenté au Bureau de la consommation d’Industrie Canada.
Union des consommateurs a reçu du financement en vertu du Programme de contributions pour les organisations sans but lucratif de consommateurs et de bénévoles d’Industrie Canada. Les opinions exprimées dans ce rapport ne sont pas nécessairement celles d’Industrie Canada ou du gouvernement du Canada.